Les Bears connaissent Cerf. Ce papa belge d’un grand garçon de 29 ans aime la sensualité du poil et des rondeurs. Pour lui, tous ses modèles sont beaux. Et ses photographies le montrent. Elles racontent des histoires, d’amour surtout… Rencontre.
D’où viennent tes inspirations ?
J’ai beaucoup de livres de photographes qui ont nourri mon imaginaire. Et comme pour beaucoup, Mapplethorpe a été un déclencheur énorme, Keith Haring aussi. Bruce Weber a été un moteur pour mon travail en noir et blanc (notamment avec ses séries de photographies d’athlètes lors des JO de Los Angeles). Tom of Finland m’a beaucoup aidé aussi, dans mes recherches (et dans mes fantasmes !).
Mes influences se trouvent aussi dans la peinture (Gustave Moreau), dans la sculpture (Camille Claudel, Rodin). J’ai besoin de projeter mes fantasmes sur mes modèles et quand je dis ça, ce n’est pas sexuel, mais sensuel. Je rêverais d’avoir leur courage, de pouvoir poser nu. Je n’ai pas été élevé avec une image de moi très positive. Je me suis donc toujours nourri de ce que mes modèles m’offrent.
Tes modèles transpirent une virilité exacerbée. Et pourtant, tes photos sont extrêmement douces. Qu’est-ce que ça dit de ton style ?
La douceur, la tendresse, les baisers sont essentiels dans ma vie. Même avec des modèles stéréotypés « Muscle bear », je vais un peu casser le cliché en les faisant rire… Pour Teddy Torres, que j’ai shooté à Montréal avec son mari, je voulais des câlins, pas de fesses, et ils ont été d’une générosité énorme avec moi.
Les Bears ne sont pas souvent mis en valeur dans le monde de la photographie. Ton travail n’est-il pas une preuve que la beauté est partout ? Avec des poils et des rondeurs ?
La beauté est partout et ce n’est rien de le dire. Que le modèle soit costaud, musclé, “skinny“, ils ont tous une histoire. Je discute beaucoup avec eux, avant et pendant le shooting. Oui, je suis un adorateur du poil, mais pas que. Oui, j’aime les rondeurs, c’est plus doux et confortable. Je ne shoote pas les Bears parce que c’est un groupe qui pourrait être un peu tendance, mais parce qu’ils me plaisent. Mais je ne shoote pas que des Bears, non plus.
Comment choisis-tu tes modèles ? Se mettent-ils facilement nu ?
Choisir un modèle est quelque chose de difficile. Je me fais jeter par certains, d’autres ont peur de la nudité, d’autres ne veulent pas montrer leur visage… Cela prend du temps, parce que c’est d’abord le visage qui doit me toucher, me séduire. Du coup, je cherche tout le temps, sur Facebook, Instagram, Twitter…
Tu photographies beaucoup les couples. Est-ce que ce sont de vrais couples ? Est-ce que ce n’est pas une forme de militance de montrer des couples Bears dans le plus simple appareil loin des clichés masculins véhiculés depuis des décennies ?
Les couples ne sont pas tous, de vrais couples. Beaucoup oui, je vous laisse le soin découvrir lesquels. J’ai été militant pour la cause gay par le passé. Tenir la main de son mec n’est-ce pas aussi un acte militant fort aujourd’hui ?
Tes photographies sont sexys, mais surtout pleines de tendresse. On a l’impression qu’on peut caresser tes modèles en les regardant… En quoi la tendresse est-elle primordiale dans ton travail ?
J’ai toujours essayé de toucher mon public avec de l’émotion, de la douceur. Mais la sensualité est partout, elle peut être dans un sauna, où tout le monde sue, quand un beau mec vient, te caresse le torse, relève ton menton pour t’embrasser goulument. Ça peut être quand tu rentres du boulot, que tu es épuisé et que ton mec te prend dans ses bras… Tu humes son odeur et tu te laisses toucher. Il n’en faut pas plus que ça.
Quel est ton plus beau souvenir de photographie ?
Je n’ai pas un, mais plusieurs souvenirs : traverser Las Vegas et rencontrer Thor Johnson dans un Hard Rock Hotel, shooter Manuel Boxer sur le toit de son appartement en pleine journée, nu, alors que tous les automobilistes qui étaient sur le pont Jacques Cartier pouvaient nous voir, photographier aussi Koen, un Bear, très grand et large et en même temps d’une immense douceur.
Chaque shooting apporte son lot d’échanges, de rires et d’émotions. Je ne veux pas oublier Anthony, qui me suit comme assistant et fidèle ami et confident depuis près de 5 ans. Il est d’ailleurs en couverture de mon premier livre.
Tu as des projets ?
Mes prochains projets (qui étaient prévus en 2020) auront lieu en Floride. Je voudrais réaliser mon troisième livre dans un vrai grand format. Et puis, j’ai beaucoup de modèles qui m’attendent à Madrid, Barcelone, Cologne, Jérusalem, Beyrouth… Mais je les garde pour quand on pourra de nouveau bouger.
Source: https://www.jock.life/2021/03/23/cerf-le-photographe-qui-aime-passionnement-les-bears/
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